Il y a juste un an j’étais à Venise avec mon amoureux. La place St Marc rayonnait de soleil et nous de bonheur. Aujourd’hui, 12 avril pour la première fois depuis 31
ans nous ne nous verrons pas pour notre anniversaire …Il est venu hier mon amoureux. Les visites sont autorisées à partir de 14h mais tel un preux chevalier, il a bravé
l’interdit et m’a fait la surprise de venir déjeuner avec moi …en apportant mon gâteau préféré du moment !
Mes ‘ camarades de jeu’ trouvent que j’ai beaucoup de visites !
J’entame donc l’avant-dernière semaine de ce périple de réadaptation et je m’émerveille chaque jour des efforts que je peux faire. Bien sûr, je désature pendant l’effort
(Terme barbare qui veut dire que ma saturation en oxygène dans le sang diminue) mais les exercices que nous faisons ici sont totalement conçus pour des insuffisants respiratoires et les temps
d’effort et de récupération sont parfaitement dosés. J’acquiers une confiance en mes capacités que je n’aurai jamais trouvée seule …
Hier matin nous avons eu un cours sur les techniques de respiration. Comme la plupart des gens, nous ne savons pas poser nos inspirations et expirations.
Faites chez vous ce petit test.
Poser par terre à vos pieds un objet pas lourd mais pas trop léger. Baissez –vous pour le ramasser (Attention dos droit genoux fléchis) , soulevez cet objet et penser à la
façon dont vous respirez en le soulevant…Faites-vous une inspiration ou une expiration ?
Je vous laisse expérimenter et vous donnerai la réponse en fin d’article.
Nous avons aussi appris comment gérer notre souffle en montant et descendant les escaliers. Il est évident que je ne retrouverai jamais une capacité respiratoire normale mais
les évaluations de ce stage montrent que chaque participant en gagne un peu…
Des mesures de notre souffle seront faites les derniers jours. Depuis 2 ans, je respire à 50 % de la normale.
C’est un pneumologue de Béthune qui est à l’origine de ce projet de stage de réhabilitation respiratoire tel qu’il est pratiqué ici. . Il a rencontré les pneumos de la clinique
où je suis suivie. C’est le seul établissement en Bretagne qui propose ce genre de stage complet avec kiné prof de sport, éducation thérapeutique, diététicien et psychologue.
L’hospitalisation d’un mois est obligatoire pour un résultat optimum.
Le terrain et les bâtiments de cette clinique appartiennent à une congrégation religieuse. Depuis plusieurs années, les sœurs infirmières ont quitté les services et petit à petit tout le
personnel soignant est devenu laïc. La clinique est administrée par un directoire de médecins laïc mais les religieuses ont droit de regard sur les orientations financières et morales. C’est une
clinique à but non lucratif. Les bénéfices sont réinvestis dans de nouvelles structures et l’amélioration du confort des malades. Les repas sont préparés à la clinique et les malades ne subissent
pas comme à l’hôpital les plats sans saveur sous vide des sociétés de ‘ mal bouffe.
Samedi matin
J’aime j’aime me retrouver à la maison … Mon chien dort sur mes pieds, ne voulant pas perdre une seule seconde de ma présence
éphémère chaque semaine…Encore quelques jours à tenir et une nouvelle vie commencera pour moi …vélo, marche, exercices physiques et étirements …tout ce que j’avais oublié de faire ces derniers
temps dans une spirale descendante que l’on nous a très bien expliqué à la clinique.
Je m’amuse autant avec mes ‘petits camarades’. Il sont très ‘ nature’,naviguent entre impudeur et silence renfrogné et les ‘’éducateurs’ ont parfois bien du mal à
contenir la petite troupe. Francis le doyen s’est rebellé contre le prof de sport qui courtoisement lui rappelait qu’on l’attendait pour commencer- ça suffit, pourquoi toujours
moi ! Je suis fatigué, j’ai mal partout je suis vieux, laissez – moi tranquille !
Francis ronchonne toujours, dit qu’il ne peut plus rien faire mais le fait quand même à son rythme. Il raconte des blagues et fait des jeux de mots spirituels qui
ne sont pas souvent compris hihihi !!!
Le prof a demandé comment s’appelait le muscle de la cuisse…Maryvonne a répondu le biceps ! Rires inévitables…Tout se fait et se dit dans une ambiance
conviviale…Les petites moqueries se sont jamais méchantes et cela se sent dans ce groupe …l’infirmière cherchait le mot juste … hétéroclite.
Je me suis habituée à vivre avec ces gens rencontrés par un de ces hasards de la vie qui nous confrontent à des personnalités totalement différentes de soi.
Nous avons des soucis de santé de même ordre mais des préoccupations différentes. Le grand sujet de conversation de la troisième semaine est le menu quotidien. Trop
cuit, trop froid, trop d’arêtes, trop sec … Alphonse est le plus virulent car il se croit persécuté (A-t-il raison ?)
Il voulait de la Ricorée on lui apporte du café…froid. La soupe était meilleure à l’armée, celle-ci a goût de jus de vaisselle et on oublie de lui donner du pain
une fois sur deux. Il répète ce discours presque chaque jour et pense que le personnel a une dent contre lui ???
Je suis certaine qu’ils ne liront pas les feuillets de conseils qu’on nous donne. Certains se plaignent de ces paperasses qui ne servent à rien et remplissent
des classeurs qui les encombrent. J’ai beau leur dire que c’est pour leur bien s’ils ne veulent pas revenir l’année prochaine, qu’il faudra mettre en pratique ce que l’on a appris. Pour
plusieurs, je doute de l’efficacité à long terme de ce stage.
Quelquefois, je savoure quelque petite victoire .C’est mon côté infirmière qui ressort. J’expérimente pour eux certains façons de respirer et
leur assure que c’est positif que les exercices sont plus faciles à faire. Une ou deux personnes ont l’air de m’écouter …
Dans l’ensemble, le groupe est content du stage de réhabilitation et nous avons tous faits des progrès. Ce qui sera confirmé la semaine prochaine par un test de
marche, un test d’effort et une VMSO2
Depuis jeudi soir, je souffre de douleurs intercostales…mes nouvelles activités physiques ont majoré un problème récurrent …
Je lis toujours Pancol. J’ai bien aimé un passage sur la vie de Cary Grant. Archibald Leach est né en Angleterre et a eu des grosses misères dans
sa vie. Sa maman avait perdu un enfant et se culpabilisait de ne pas s’être assez occupée de lui alors quand Archie est né un amour fusionnel a uni ces deux-
là et ils ne se quittaient pas. Un jour Archie minot de 10 ans revient de l’école et appelle sa tendre maman. Maman n’est pas là, maman est partie. Pour des vacances lui dit-on. Elle ne reviendra
jamais. Quand son père meurt plus tard, le notaire apprend à Archie devenu Cary que sa mère est vivante, placée dans un asile par son père qui voulait refaire sa vie avec une autre femme.
Il retrouve sa mère adorée qui ne veut pas croire que son fils est devenu ce grand bel homme appelé Cary Grant. Elle refuse de le serrer dans ses bras, refuse ses
cadeaux. Il lui achète une petite maison à LA mais jamais plus dans sa vie sa mère ne redeviendra la maman qu’il a tant espérée.
Cette histoire m’a émue. Je lirai peut-être une bio de cet acteur et je me suis promis de voir le film ‘ Charade ‘ dont parle le livre de Katherine Pancol...
A qui d’autres que vous, je pourrai parler de Cary Grant ?
Résultat / Il faut expirer quand on soulève une charge mais vous le saviez sûrement !
Bisous et à la semaine prochaine.